Le programme ecophyto était la mesure phare du Grenelle de l’environnement (2008). A l’époque, l’objectif annoncé était « Réduire de 50 % l’utilisation des phytosanitaires en France pour 2018 ». Cet objectif a suscité beaucoup de débats relayés par la presse, ce qui avait d’ailleurs amené la mention supplémentaire « si possible ! ».  En 2010, ce programme s’est mis en place au niveau national et dans chaque région. En Bretagne, comme ailleurs, un dispositif géré par l’administration, assez complexe, a vu le jour avec un comité régional d’orientation stratégique (CROS) et plusieurs commissions, chacune supervisant un plan d’actions par domaine (l’agronomie, la surveillance biologique du territoire, la formation et l’agrément des applicateurs et des distributeurs de produits phytosanitaires, ….). Pour connaitre le bilan à mi-parcours du programme ecophyto,  nous avons demandé l’avis d’un acteur de ce dispositif, Mr Alain Hindré, représentant de la profession agricole (au titre de Chambre Régionale d’Agriculture)  et qui préside aussi la commission « agronomie ».

L’objectif initial du programme a changé – Un plan d’action comprenant 9 axes

Un bilan positif de la commission agronomie

Le programme "ecophyto" concerne tous les utilisateurs de produits phytosanitaires
Alain Hindre , agriculteur à Plouzané, représentant de la profesion agricole et président de la commission agronomie
Une vingtaine d'organisations agricoles parrticipent activement à la commission agronomie du dispositif "ecophyto"

« On sait qu’une mission nationale est mise en place pour faire des propositions sur la suite du programme Ecophyto. Je tiens à faire les remarques suivantes pour la Bretagne :

Chiffres officiels (2008/2009/2010) des Quantités de Substances Actives de l’OVB (Observatoire des Ventes de produits phytos pour la Bretagne)

Pour l'avenir !

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Septembre 2014

Bilan 2014 du programme Ecophyto

 

 

« Il est important de refaire un peu d’histoire. Il faut commencer par dire que l’objectif initial a changé. Désormais l’objectif est « Réduire et améliorer l’utilisation des phytos ». La deuxième chose importante à savoir est qu’il y a plusieurs axes. Aujourd’hui, on en compte neuf. Le dernier axe qui est apparu depuis deux ans est l’axe « santé ». Sans forcément les citer tous, il faut mentionner : l’agronomie, la surveillance biologique du territoire, la formation et l’agrément des applicateurs et des distributeurs de produits phytosanitaires, les indicateurs, les zones non agricoles, la santé ….). Pour chaque axe, un pilote a été désigné par l’administration pour présider une commission chargée de faire des propositions de plan d’action par domaine. Ainsi l’administration préside les commissions "formation", "indicateurs", "Zone Non Agricole", la Chambre d’Agriculture préside les commissions "agronomie", "surveillance biologique du territoire" et ainsi de suite pour les autres commissions …. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« L’instance de pilotage du programme ecophyto est le CROS qui est présidé par le Préfet de Région ou son représentant. Il réunit divers services de l’administration, les collectivités locales (les 4 Conseils Généraux, le Conseil Régional,  l’association des maires),  l’Agence de l’Eau, des représentants des associations environnementalistes et de consommateurs,  la profession agricole, … Lors du dernier CROS qui s’est réuni en juillet, chaque commission a présenté le bilan de ses travaux. Force est de constater que le bilan est très inégal. La commission « formation » ne s’est pas réunie depuis avril 2013 ! Les participants ont unanimement apprécié le bon travail réalisé par la commission « agronomie ». Par contre, la commission « indicateurs » n’a pas présenté des chiffres fiables sur la réduction des phytos. Les seuls chiffres validés, présentés en 2014, sont ceux de l’année 2010 ! Il y aurait eu une baisse des ventes de phytos de  18 % entre 2009 et 2010. Qu’en est-il pour 2011, 2012, voire 2013, mystère ! Les méthodes de calcul des indicateurs sont complexes. Plusieurs participants et moi-même avons été perdus par les explications techniques données par les spécialistes du sujet.  Au final un constat s’impose : aujourd’hui on n’a pas de résultats concrets et fiables à présenter  sur les phytos. »

 

 

 

 

En juillet 2014, un bilan très inégal des différentes commissions

 

 

 

 

 

 

 

« Parmi les neuf axes et les neuf commissions qui existent aujourd’hui, celle qui fonctionne le plus et le mieux, c’est la commission « agronomie ». Elle comprend une vingtaine d’organisations techniques, professionnelles, environnementalistes et de consommateurs. On fait deux réunions par an, avec, à chaque fois, trente à quarante participants. Les débats et les échanges sont riches. A chaque réunion, un ordre du jour précis est établi de manière à approfondir un thème donné. Plein d’idées émergent dans une instance qui réunit des organisations qui n’ont pas toutes la même approche vis-à-vis des phytos. Nous échangeons sur les nouvelles techniques et les nouvelles pratiques qui permettent de réduire les phytos. On ne s’interdit pas de faire venir des intervenants extérieurs compétents sur un sujet. Ainsi la MSA est intervenue sur la protection de l’utilisateur de phytos, l’Agence Régionale de la Santé est intervenue sur les maladies provoquées par les phytos. Régulièrement, je pose la question : doit-on poursuivre cette concertation qui existe depuis quatre ans ? A chaque fois la réponse de tous les participants est unanime et positive. Au final cette commission réalise un travail important en initiant une dynamique régionale s'appuyant sur des territoires et des partenaires acteurs localement ".